CHAPITRE II
LA SYMBOLIQUE MILITAIRE
Insigne du Service
historique de la
Gendarmerie nationale
(1997).
Il est d’usage dans le métier des armes de porter une attention particulière à la tradition. Elle est en effet le ciment de la cohésion entre les générations, entre les membres d’une même arme. Elle met en exergue les exemples glorieux du passé et invite chacun à mesurer la portée de son engagement au service de la nation en se montrant digne de l’héritage de ses aînés.
La tradition militaire est parfois difficilement appréhendable tant elle fait appel aux sentiments, aux perceptions intimes des personnels. Toutefois, il peut être fait usage de symboles pour matérialiser des faits, des valeurs, des particularismes, et c’est là l’objet de la symbolique militaire, qui rassemble l’étude et l’homologation des insignes, des emblèmes et des différents symboles affichés sur les uniformes.
À l’intérieur du corps et à une époque où la gendarmerie accueille dans ses rangs des personnels n’ayant vécu aucune expérience militaire préalable, la tradition devient un outil pédagogique important. La symbolique militaire permet à des hommes et des femmes unis par
le métier des armes de se reconnaître à travers des signes distinctifs. À cette fonction interne s’ajoute une action externe : traduire pour nos concitoyens les valeurs militaires.
A – Les insignes
Insigne du
45e bataillon
de chars de
combat.
1 – Les origines
L’insigne militaire est une création que l’on peut qualifier de récente. En effet, il est apparu au cours de la Première Guerre mondiale, et son essor est dû à trois facteurs : l’uniformisation des tenues après l’adoption du bleu horizon qui entraîne le besoin de se différencier autrement ; l’apparition des marques peintes au pochoir sur les véhicules des sections de transports militaires aux fins d’identification ; la volonté des aviateurs de personnaliser leurs appareils sous un aspect novateur du fait de la jeunesse de cette arme.
Insigne du 4e
escadron de la
2e légion de la
Garde républicaine
mobile
(vers 1938).
Les premières marques ont un aspect fantaisiste ; la raillerie est de mise ainsi que l’évocation des particularismes. Il n’est encore pas question de célébrer les valeurs militaires ou l’esprit de sacrifice. Les règles de codification sont inexistantes et même les plus petites formations s’essaient à l’exercice.
En 1948, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’insigne militaire va être réglementé du fait de la création d’un bureau de la symbolique militaire auprès du Service historique de l’armée de Terre (SHAT). Les différentes unités devront alors adresser les projets à ce bureau, où les dessins sont examinés par un héraldiste. Afin d’être homologués, les insignes doivent répondre à des normes réglementaires, esthétiques et héraldiques. Le respect de l’ensemble de ces prescriptions vise à s’assurer de la concordance du symbolisme choisi avec la spécificité de l’unité demandeuse et à enrichir le patrimoine des armées par la diversité des compositions.
2 – L’insigne en gendarmerie
Insigne de peloton
frontalier de la
4e légion de Garde
républicaine mobile
(1938).
La gendarmerie ne s’est dotée d’insignes que dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale et cela ne concernait qu’une dizaine d’unités. Le véritable essor peut être situé après l’adoption de l’insigne officiel de la gendarmerie homologué H 696, le 10 décembre 1948. Cet insigne, encore dénommé plateau ou bayard, résume assez bien la noblesse des origines médiévales de l’institution et ses grandes missions séculaires.
Chaque partie de cet ensemble est porteuse d’une signification propre qu’il est utile de connaître. Le heaume empanaché évoque l’environnement médiéval et illustre tout autant la chevalerie et son code de l’honneur que le souvenir du connétable, haut dignitaire du royaume exerçant les pouvoirs de justice et de police par l’intermédiaire de ses prévôts. Sur le fond de l’insigne et sous le heaume se trouve une forte épée placée en pal. Ce choix évoque là encore le connétable, seul dignitaire pouvant se présenter devant le roi l’épée portée haute, symbole de la force prête à frapper au nom du souverain. Ce symbolisme est toujours d’actualité, le pouvoir légal s’étant cependant substitué à l’autorité royale. Le choix de cette arme concourt aussi à exposer le caractère militaire de l’institution.
Écu amovible du
commandement
de gendarmerie
de Guyane
(2000).
Poursuivant la description de l’insigne, on note la présence de deux rameaux de chêne placés sur les flancs. Ceux-ci évoquent les vertus civiles et militaires de l’institution et la reconnaissance de la nation, à l’image de la couronne civique que décernait la Rome antique à ses valeureux citoyens.
Au centre de l’insigne, sur une table d’attente, vient se placer un écu amovible, propre à chaque corps, qui termine et personnalise la pièce. Chaque écu illustre soit l’implantation territoriale d’une formation, soit sa spécificité technique ou administrative. En théorie, chaque légion de gendarmerie ou formation assimilée possède son écu. Il existe cependant des exceptions. En effet, la légion de gendarmerie mobile d’Île-de-France présente la particularité d’avoir, en plus de son écu, une pièce distinctive pour chaque groupement subordonné. De même, les écoles de gendarmerie, qui ont longtemps possédé un insigne commun, bénéficient désormais d’un écu pour chaque type de formation dispensée : école d’officiers, de sous-officiers, de gendarmes adjoints, etc. Citons encore la Garde républicaine, qui, bien que dotée d’un insigne de corps pour l’ensemble de ses trois régiments, se voit attribuer un écu distinctif pour les orchestres de la garde et le chœur de l’armée française.
Insigne de
la 4e légion
de Garde
républicaine
mobile (1938).
Il peut être distingué trois grandes périodes dans le développement de l’insigne dans la gendarmerie.
La première s’étend de 1937 à 1966, date de la réorganisation des légions de gendarmerie. Cette période fut très riche pour le graphisme et le choix des symboles. Il est indéniable que l’existence des colonies a contribué à enrichir le patrimoine symbolique par des meubles et des pièces inhabituelles tels des porches mauresques, des sagaies, des dragons, la croix du Sud.
Insigne du
commandement
de gendarmerie
de Martinique
(1999).
La deuxième débute à la réorganisation territoriale décidée en 1966. Elle aboutira à la disparition de quarante et un écus distinctifs propres à des légions ou formations dissoutes depuis 1945. Une partie du patrimoine héraldique des provinces sera ainsi supprimée. De nos jours, les insignes des légions de gendarmerie départementale illustrent les seuls blasons qui ont perduré. Lors de la recréation des légions de gendarmerie mobile, neuf nouveaux écus ont été créés en reprenant aussi une symbolique territoriale.
La dernière période débute en 1996. Elle correspond à la prise en compte de la symbolique militaire par la gendarmerie à la création du Service historique de la Gendarmerie nationale (SHGN). Jusqu’à cette date, c’est le Service historique de l’armée de Terre qui exerçait cette attribution.
Cette évolution est l’occasion pour notre institution de réfléchir sur la politique en matière d’insigne en favorisant l’essor de nouvelles pièces dans le domaine des brevets et en normalisant les règles d’homologation pour les insignes d’unités et de promotion.
3 – La typologie et les procédures d’homologation
Insigne de la 105e
promotion de l’École
des officiers de la
Gendarmerie nationale
(2000).
À l’heure actuelle, on peut classer les insignes de la gendarmerie en trois grandes catégories.
La plus importante, de par son rôle historique et son symbolisme, est l’insigne d’unité appelé aussi insigne de tradition. Il est la marque de la formation et constitue le lien entre les générations des militaires ayant appartenu au corps ; il témoigne conjointement de la personnalité du corps et de l’appartenance du militaire qui le porte à celui-ci. Il matérialise l’implantation territoriale des militaires de la légion et à ce titre constitue un signe de reconnaissance entre gendarmes, mais aussi un signe de proximité avec les collectivités régionales et les habitants. Représentant le plus souvent une partie des blasons des anciennes provinces, l’insigne évoque fortement les liens qui unissent les unités départementales avec les régions. Pour les formations spécialisées ou autonomes (gendarmeries de l’air, maritime, écoles…), les signes retenus illustrent souvent la spécificité missionnelle ou les techniques mises en œuvre.
Insigne de moniteur
d’intervention
professionnelle
(2001).
La deuxième catégorie rassemble les insignes des promotions d’officiers-élèves et des élèves-gendarmes. Ces insignes sont la marque de l’identité de la promotion, entité militaire collective temporaire, en formation. Cette pièce rassemble les meubles caractéristiques qui illustrent l’état militaire associés à des symboles évoquant le sacrifice du parrain de la promotion.
Dernière catégorie actuellement en expansion, les insignes de brevet ou de spécialité. À l’heure où la formation devient de plus en plus diversifiée, il a semblé opportun de créer des insignes reconnaissant les qualifications professionnelles que détiennent les militaires de la gendarmerie.
Ces différents insignes sont généralement réalisés en métal et les couleurs sont en émail, en plastiline ou en résine. Les insignes d’unités présentent la particularité d’être fabriqués sous deux formes : en métal et deux pièces (plateau et écu) lorsqu’ils sont portés sur la vareuse et en tissu brodé sur les autres tenues (écu central seulement). La première version se porte accrochée à une patelette de cuir à droite sur la poitrine et la seconde version sur le haut du bras gauche. Les insignes des promotions sont toujours en métal ainsi que la plupart des brevets. Concernant ces derniers, pour des raisons opérationnelles ou techniques, certains peuvent être réalisés en d’autres matières (plastique, broderie basse visibilité…).
Insigne de la 220e
promotion d’élèves
gendarmes de l’école
de gendarmerie de
Montluçon (2000).
L’homologation des insignes répond à une procédure relativement simple. L’unité adresse sa demande au SHGN par la voie hiérarchique. Le projet en couleur, accompagné d’une notice explicative relative à la forme et au choix des symboles, est alors examiné. Il peut être éventuellement corrigé en liaison avec l’unité émettrice. Dès que le dessin rassemble les conditions propres à l’homologation, la décision est présentée à la signature du chef du SHGN, qui homologue la pièce au nom du ministre de la Défense. Au-delà de cet aspect administratif, il convient de souligner que l’examen des projets répond à des normes et des critères définis par des textes réglementaires, qui ont peu évolué depuis 1945. L’insigne militaire doit être sobre et de bon goût ; il doit mettre en valeur l’histoire et le patrimoine d’une formation. Il est le support de la filiation et de l’héritage des anciens et doit, à ce titre, faire ressortir la noblesse du métier des armes. Sa composition résulte donc du respect de ces principes associé à des règles élémentaires de l’héraldique, science du blason.
B – Les emblèmes
L’emblème a toujours occupé une place centrale dans l’histoire des pays. Il fait partie des rares attributs qui le personnalisent aux yeux des autres nations. Les armées qui sont chargées de garantir l’intégrité des nations vouent un culte sans faille aux emblèmes. En effet, le pouvoir exécutif symbolise le lien armée-nation par la remise d’un emblème, drapeau ou étendard aux unités militaires. Cet emblème symbolise exprime la confiance accordée et permet l’identification du corps aux travers d’inscriptions évoquant son nom, ses valeurs et son histoire.
Ancien drapeau de la
gendarmerie mobile.
Notre drapeau tricolore possède une origine toute particulière. Il résulte à la fois de notre histoire la plus lointaine et de faits politiques hérités de la Révolution.
Le bleu royal, couleur des rois de France, est l’héritage de la bannière dite de saint Martin, militaire romain en Gaule, puis évêque de Tours au IVe siècle. La légende prétend qu’il a partagé son manteau avec un indigent. Clovis fit ouvrir son tombeau en l’an 500 et découvrit intact le manteau bleu coupé par le milieu. Impressionné par ce miracle, il décida de l’arborer en haut d’une hampe dans tous les combats. Au-delà de cette légende, il convient de se souvenir que le bleu est aussi une couleur de la livrée royale. Elle est à ce titre intimement liée à l’histoire de France et figure presque sans interruption sur les uniformes des armées de l’Ancien Régime. Elle s’est définitivement figée sur les emblèmes dès l’apparition de la bannière royale fleurdelisée.
Le rouge renvoie à l’oriflamme de l’abbaye de Saint-Denis. Il s’agit en fait d’un emblème attribué à l’abbaye comme à tous les grands monastères de l’époque, que l’on dénomme oriflamme (la flamme d’or) en raison de sa couleur rouge flamboyant et de son pendant à flammèches d’or. Cette oriflamme évoque le martyre du premier évêque de Lutèce qui vécut sous l’empereur Valérien, à la fin du IIIe siècle de notre ère. C’est au XIIe siècle, sous l’abbatiat de Suger, conseiller de Louis VI dit le Gros, que l’oriflamme devient la « bannière de France » ; elle est désormais levée à Saint-Denis avant chaque départ au combat. Elle côtoie la bannière bleue de saint Martin sur les champs de bataille avant de la remplacer définitivement au XIVe siècle. Elle est absente à la bataille d’Azincourt au XVe siècle.
Fanion de la
gendarmerie
d’Indochine.
Le blanc, quant à lui, a de tout temps figuré la couleur du commandement. Il évoque la pureté, la sagesse et la puissance. Il était la couleur d’Alexandre le Grand et de Jeanne d’Arc, avant d’être utilisé par la compagnie colonelle, la plus ancienne du régiment sous l’Ancien Régime. Sous Louis XIV, qui possédait le blanc comme marque personnelle, il est décidé que chaque régiment aura un drapeau colonel et un drapeau par bataillon (à titre d’exemple, huit pour Picardie). Il y a donc un emblème de commandement et plusieurs de ralliement.
L’histoire retient que, lors de sa visite à l’Hôtel de Ville de Paris en juillet 1789, le roi Louis XVI se vit obligé de porter la cocarde de la milice parisienne bleue et rouge accrochée à la cocarde blanche de son chapeau. Pour la première fois, les trois couleurs furent associées. L’union du bleu, du blanc et du rouge ne fut reconnue officiellement par l’Assemblée constituante que le 10 juin 1790, lorsque la cocarde tricolore fut déclarée « nationale ». Le 14 juillet de la même année, jour de la fête de la Fédération, le Champ-de-Mars fut pavoisé de bleu, de blanc et de rouge, « les trois couleurs de la nation ».
1 – Une typologie
Le terme généraliste emblème recouvre en fait différents objets ayant chacun une fonction spécifique qu’il convient d’énumérer.
Le drapeau est l’emblème d’une formation à pied ; il représente un des biens les plus précieux du corps. Il naît avec lui et disparaît lors de sa dissolution. À certaines périodes de l’histoire, le chef de corps avait pour obligation de le conserver à son domicile. Il est toujours accompagné de sa garde lorsqu’il se déplace. À l’occasion des manifestations militaires (défilés, prises d’armes), les honneurs lui sont rendus par les troupes dès lors qu’il se présente ou qu’il quitte la place. Le drapeau reçoit les inscriptions suivantes : nom et numéro du corps, devise(s), inscriptions de batailles accordées. Une cravate est placée en haut de la hampe, sur laquelle s’accrochent les décorations et les éventuelles fourragères. Le bout de la hampe se termine par un fer de lance qui est l’attribut actuellement en vigueur dans les armées. Le drapeau est formé d’un carré de 90 centimètres de côté ; il est bordé de franges or. Ces spécifications sont valables pour l’étendard, qui est l’emblème de dotation des unités de cavalerie ou des unités de traditions montées (matériel, arme blindée…). L’étendard est cependant de dimension plus réduite ; il est formé d’un carré de 64 centimètres de côté.
Les fanions sont les attributs des unités subalternes des corps. Pour la gendarmerie, il s’agit des bataillons, des groupements, des unités élémentaires, des compagnies ou des escadrons et des unités autonomes.
Les flammes et tabliers sont des attributs ornementaux qui sont accrochés aux trompettes et clairons pour les premiers, et aux tambours, grosses caisses et timbales pour les seconds. Ils portent généralement les insignes, les armes ou les devises du corps auquel la formation musicale est attachée.
2 – La gendarmerie et les emblèmes
Clairon de l’escadron
3/19 de gendarmerie
mobile de Reims.
En ce qui concerne la gendarmerie, les légions, les formations assimilées et les écoles disposent chacune d’un drapeau ou d’un étendard. Actuellement, l’institution bénéficie de cinquante-trois drapeaux et deux étendards. Ces emblèmes portent sur l’avers les termes République française et le nom de la formation détentrice. Le revers présente les inscriptions accordées à l’unité ainsi que la devise Honneur et patrie pour la gendarmerie départementale et les écoles ou Valeur et discipline pour la gendarmerie mobile. Au sein de ces formations, les unités subordonnées disposent de fanions pour matérialiser leur position au sein de la légion. Les groupements, unités hiérarchiques immédiatement subordonnées à la légion, se voient attribuer un fanion de dimension supérieure aux fanions des unités élémentaires. Il mesure 50 centimètres de long sur 40 centimètres de large et reçoit le nom de la légion, une grenade et le nom du groupement sur l’avers. Au revers figure l’insigne de la légion ou de la formation assimilée.
Les unités élémentaires (compagnies ou escadrons) sont aussi dotées de fanions. Ceux-ci sont d’une dimension plus restreinte ; ils sont formés d’un rectangle de 40 centimètres sur 30 centimètres et sont composés de partitions de couleurs. Une première nuance évoque le rang de l’unité supérieure de rattachement et la seconde évoque le rang de l’unité élémentaire au sein du dispositif. Sur l’avers du fanion figure le nom de l’unité hiérarchiquement supérieure, la grenade or ou argent selon la subdivision et le nom de l’unité détentrice. Sur le revers figure l’insigne de l’unité ou de la légion d’appartenance.
Traditionnellement, les codes couleurs dévolus aux unités sont les suivants : bleu marine pour la première formation, écarlate pour la deuxième, jonquille pour la troisième, vert pour la quatrième et bleu ciel pour la cinquième (groupement ou bataillon exclusivement).
Fanion du centre
d’instruction des
gendarmes auxiliaires
de Saint-Astier.
Les partitions des fanions se font en diagonale (de la 1re à la 4e unité), verticales (de la 5e à la 8e unité) et horizontales (de la 9e à la 12e unité). Ainsi le troisième escadron du deuxième groupement aura une partition diagonale avec la couleur écarlate (seconde unité) du groupement jouxtant la hampe et le jonquille (troisième unité) évoquant le rang au sein du groupement. Les fanions des unités des écoles prennent le bleu marine comme couleur de référence de l’unité hiérarchique supérieure. Pour la gendarmerie départementale, seuls les groupements ont des fanions qui sont monochromes bleu à franges argent.
Il existe aussi des fanions de commandement pour les officiers généraux. Ceux-ci sont monochromes, bicolores ou tricolores selon le rang de l’officier général et matérialisent le commandement sur le front des troupes. Ils sont utilisés au cours des prises d’armes et inspections. Des modèles en réduction existent afin d’être arborés sur les véhicules de ces autorités.
3 – Les inscriptions et décorations
Les emblèmes de la gendarmerie se sont vus accorder des inscriptions de batailles. Celles-ci figurent sur les drapeaux et étendards des légions de gendarmerie et de certaines gendarmeries spécialisées. En effet, ces inscriptions ne sont accordées que pour les corps ayant eu des unités combattantes lors des conflits : ainsi, la gendarmerie des transports aériens et les écoles ne bénéficient d’aucune inscription. Celles attribuées sont Hondschoote 1793, Villodrigo 1812, Taguin 1843, Sébastopol 1855, Indochine 1945-1954. Cette dernière campagne est aussi accordée, et elle est unique, à la gendarmerie de l’air et à la gendarmerie maritime. Ces inscriptions figurent sur le revers de l’emblème et sont surmontées de la devise Honneur et patrie.
Remise de la Légion d’honneur
au drapeau de la gendarmerie
départementale et remise du
drapeau de la Garde républicaine
mobile (1930).
Exception est faite pour les unités de la gendarmerie mobile, qui ont comme devise Valeur et discipline. Cette exception trouve sa légitimité par une filiation avec la légion de gendarmerie mobile créée en 1871 qui a reçu un drapeau portant cette devise. Cette inscription, tout adaptée à cette subdivision chargée du maintien de l’ordre, a été de nouveau proposée lors de la création des emblèmes de la Garde républicaine mobile, devancière de la gendarmerie mobile. Il faut noter que le drapeau de la Gendarmerie nationale, détenu par le directeur général de la gendarmerie, porte les deux devises précitées fédérant ainsi les deux subdivisions de l’institution.
Certains emblèmes de la Gendarmerie nationale arborent sur la cravate des décorations. Celles-ci, décernées à titre collectif, sont la Légion d’honneur et la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (TOE) avec deux palmes pour les emblèmes de la Garde républicaine et le drapeau de la Gendarmerie nationale. Le drapeau de l’école des officiers de la gendarmerie arbore la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, et les fanions de l’escadron de gendarmerie mobile de Longeville-lès-Saint-Avold et du groupement de gendarmerie départementale du Morbihan sont décorés de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent. Citons encore le fanion du groupement de gendarmerie départementale du Pas-de-Calais, qui s’est vu attribuer la Croix de guerre 1914-1918, et le fanion du groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale, qui arbore la médaille de la gendarmerie.
Médaille de la
gendarmerie.
Fait notable dans l’histoire de la gendarmerie, l’école de gendarmerie de Chaumont, doyenne des écoles de formation des sous-officiers, s’est vue remettre la Médaille militaire par le président de la République le 5 février 2002. Cette haute distinction honore l’ensemble du corps des sous-officiers de la gendarmerie et souligne les sacrifices des anciens élèves de cette école dans les combats, les missions de maintien de l’ordre ou de police judiciaire.
Dans l’hypothèse où la Gendarmerie nationale viendrait à obtenir le droit au port de la fourragère afférente à la croix des TOE, elle prendrait place sur la cravate de l’emblème des unités bénéficiaires.
C – Les symboles essentiels
Au-delà des éléments de la symbolique militaire présentés ci-dessus, il convient aussi d’examiner les différents symboles présents sur les tenues des militaires de la Gendarmerie nationale. Ceux-ci sont importants, car ils véhiculent des messages et matérialisent une tradition ou un héritage. Parfois, au fil du temps, la représentation physique a pu changer, mais le symbolisme reste identique.
1 – La grenade
Grenade de
tapis de selle
de la Garde
républicaine.
Symbole des unités d’élite sous l’Ancien Régime, la grenade, ou bombe enflammée, ne fait pas partie du patrimoine symbolique de la maréchaussée. Elle apparaît avec la création de la Gendarmerie nationale. Initialement attribuée aux grenadiers gendarmes chargés de protéger la représentation nationale, cette marque est étendue dès 1797 à toute la gendarmerie. D’abord portée sur les retroussis, les collets, les coiffures, elle prend au fil des années une place de plus en plus grande sur les uniformes et les équipements. La grenade identifie clairement l’institution, une malgré la diversité des missions et des spécialités. Elle est unique au sein des armées par sa représentation à huit flammes or ou argent.
2 – Le galon d’élite
Képi de chef
d’escadron
(Second Empire).
Dans la nomenclature administrative, le terme approprié est celui de galon ruban ; il s’agit en fait d’un ruban de textile qui borde le sommet des képis des militaires de la gendarmerie. Il est argent pour la gendarmerie départementale et les formations qui lui sont rattachées, or pour la gendarmerie mobile et les officiers et gradés de la Garde républicaine, écarlate pour les gendarmes de la Garde républicaine, bleu pour les gendarmes adjoints, et gris cendré pour les militaires du corps de soutien de la gendarmerie. Dès la première instruction sur la tenue des nouvelles maréchaussées, il était prévu qu’un large galon d’argent borde les chapeaux.
Sous l’Ancien Régime, cet attribut a presque toujours été présent sur les différentes coiffures des militaires de la maréchaussée et de la gendarmerie. Cette distinction figurait aussi sur les coiffures des unités de la maison du Roi, et, à ce titre, la maréchaussée s’enorgueillait de ce privilège.
3 – Les aiguillettes
Portrait d’un
gendarme du
Premier Empire.
Initialement simple accessoire vestimentaire, l’aiguillette est devenue un attribut distinctif de la cavalerie puis des troupes d’élite. Celle-ci appartient au patrimoine de la gendarmerie depuis que son port fut rendu obligatoire pour la maréchaussée en 1720. L’aiguillette était à l’époque de soie blanche.
Selon les régimes politiques et les évolutions de l’uniforme, elles furent portées soit à droite, soit à gauche. Le grade ou la fonction du porteur fut aussi, selon les époques, identifié par un code de couleurs : écarlate, bleu, blanc ou panaché. À l’heure actuelle, elles sont portées à gauche avec les deux nattes sur la poitrine et sont en textile blanc. Les ferrets sont or ou argent selon la subdivision d’arme. Pour la Garde républicaine, elles sont panachées or et écarlate avec ferrets or et sont placées avec les brins et nattes apparents sur la poitrine du fait du port de la tunique.
4 – La tête de Méduse
Dans la mythologie grecque, Méduse, Sthéno et Euryalé sont les trois Gorgones.
Elles symbolisaient initialement les perversions et l’ennemi à combattre.
Méduse était la plus mortelle des sœurs ; elle fut transformée en monstre par Athéna, déesse de la guerre, après être entrée dans le temple de cette dernière. Dès ce jour, qui voyait Méduse se trouvait pétrifié par cette vision d’horreur censée refléter le mal. Le regard perçant de la Gorgone changeait en pierre celui qui la regardait. Persée sut vaincre Méduse et offrit sa tête à Athéna, qui la plaça sur son bouclier.
Détail du
ceinturon de
cérémonie.
En 1885, la tête de Méduse prit place sur les médaillons des ceinturons porte-épée des officiers. De nos jours, ce symbole figure toujours sur l’ensemble des ceinturons de cérémonie des militaires des unités de la gendarmerie mobile, de la gendarmerie départementale (et formations assimilées) et de la Garde républicaine.
En fait, le symbolisme de cet attribut est d’une double nature. Le fait de posséder la tête de Méduse sur un ceinturon, pièce qui supporte l’arme, évoque la puissance des militaires de l’institution dépositaires de la force publique relevant de l’autorité légale.
Le statut militaire est ici illustré par le fait qu’Athéna fut la première à utiliser la puissance de ce monstre mythique érigé ultérieurement en symbole. En outre, le message induit par le choix de Méduse montre clairement que tout doit céder à la loi et que les malfaiteurs ne peuvent être que « pétrifiés » devant la force publique agissant pour l’exécution des lois.
5 – Les couleurs de l’uniforme
Uniforme de gendarme
de la garde impériale
(Second Empire).
L’uniforme de la maréchaussée tel qu’il était codifié par l’ordonnance du 16 mars 1720 reprenait les couleurs de la livrée royale, le bleu de France. À cette nuance s’ajoutaient le rouge et le jaune pour des buffleteries. De manière générale, le bleu figura toujours sur les uniformes de la gendarmerie, jusqu’à devenir presque noir pour les vestes à partir de 1921. Le bleu est une nuance intimement liée à l’histoire de France. Selon diverses légendes, elle fut choisie par Clovis pour protéger les troupes lors des combats.
Les uniformes, selon les régimes, virent le jaune apparaître sur les culottes ou les plastrons. Le rouge orna souvent les retroussis et se trouve encore présent sur les tenues des cavaliers et motocyclistes. Le blanc figurait sur les uniformes, mais essentiellement sur les attributs distinctifs (aiguillettes, aigrettes, etc.) ; il est en fait un symbole de commandement et d’honorabilité. Actuellement, les tenues de la gendarmerie arborent encore les nuances de son illustre devancière la maréchaussée, cela malgré les siècles écoulés, les changements de régime et les contraintes issues de l’évolution fonctionnelle des effets d’uniforme.
À retenir
Les insignes sont apparus en gendarmerie au milieu des années 1930. De 1945 à 1996, ils furent homologués par le Service historique de l’armée de Terre. Depuis, cette mission est dévolue au Service historique de la Gendarmerie nationale. Il existe trois types d’insignes : les insignes d’unités (insignes de tradition), les insignes de promotion, les brevets, spécialités et diplômes. La gendarmerie dispose de nombreux emblèmes (drapeaux, étendards et fanions). Les emblèmes nationaux (drapeaux et étendards) matérialisent la confiance de l’État et le lien avec la nation et sont attribués aux légions (ou formations assimilées). Les fanions identifient les unités subordonnées aux corps.