Lorsqu’en juillet 1940, la France est divisée en deux zones, les compagnies de gendarmerie départementale, dont le ressort administratif est traversé par la ligne de démarcation, sont réorganisées afin de répondre à cette nouvelle répartition territoriale. Le département des Basses-Pyrénées (actuelles Pyrénées-Atlantiques), situé à une place stratégique en raison de sa frontière sud avec l’Espagne et de sa façade atlantique à l’ouest, est quasiment coupé en deux (zone libre au sud-est et zone occupée au nord-ouest). Avant la Seconde Guerre mondiale, la compagnie s’organisait autour d’un commandement à et de cinq sections à Bayonne, Mauléon, Oloron, Orthez et Pau.
La réorganisation de juillet 1940
En juillet 1940, lors de la création de la ligne de démarcation, l’organisation de la compagnie des Basses-Pyrénées subit un profond bouleversement. La circulaire n° 5 851 T/10 G du 30 juillet 1940, fixant la réorganisation des légions de gendarmerie en zone non occupée, précise qu' » en vue d’éviter le chevauchement des unités de gendarmerie sur la ligne de démarcation des zones occupée et libre, les aménagements suivants sont apportés à l’organisation des légions de gendarmerie départementale dans la zone non occupée : il est créé une 18e légion bis, dont le siège est à Pau. Elle s’étend sur le territoire du département des Hautes Pyrénées et la partie non occupée des Basses-Pyrénées, des Landes et de la Gironde […]. Il appartiendra aux commandants de légion intéressés de délimiter les circonscriptions des sections et brigades de leur légion, en se basant sur le principe qu’aucune unité sous leurs ordres ne doit déborder en zone occupée […]. La nouvelle organisation entrera en vigueur le 1er août 1940 « . De la même manière, la circulaire n° 6 829 T/10 G du 28 août 1940, relative à l’organisation des légions de gendarmerie départementale de la zone occupée, précise à son tour les aménagements apportés à l’organisation de ces légions et de celles limitrophes de la ligne de démarcation. La compagnie des Basses-Pyrénées, passée en zone libre et donc rattachée à la 18e légion bis, ne comprend plus alors que trois sections : Mauléon, Oloron et Pau. Celles de Bayonne et d’Orthez, dont les circonscriptions territoriales sont en zone occupée, sont rattachées à la compagnie des Landes. Ponctuellement et selon la localisation des brigades entre les deux zones, les assiettes des sections son légèrement modifiées entre juillet et décembre 1940.
Cette réorganisation perdure jusqu’à ce que la circulaire n° 14 172 T/10 G du 26 décembre 1940 annonce que la 18e légion bis de gendarmerie est supprimée à compter du 1er janvier 1941. Les unités de cette légion sont alors intégrées dans la 17e légion de gendarmerie, dont l’état-major est à Toulouse. Le décret n° 383 du 9 janvier 1943, portant réorganisation territoriale de la gendarmerie, provoque un changement d’appellation de la 17e légion qui devient la légion de Gascogne. D’autre part, la section d’Aire sur Adour, création récente due à la partition du territoire, est son tour rattachée à la compagnie des Basses-Pyrénées.
Le retour aux limites départementales à la Libération
La nouvelle répartition des unités est effective jusqu’à la libération du territoire. A partir de septembre 1944, l’organisation de la gendarmerie départementale va être en effet une nouvelle fois revue. Le 11 septembre, le lieutenant-colonel Samson, commandant la 18e légion, écrit aux commandants de compagnie de la Gironde, des Landes et des Basses Pyrénées : » je prends à compter du 15 septembre le commandement des compagnies de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées limitées au commandement en ce qui concerne les parties de ces départements situées dans l’ancienne zone Sud […]. Les commandants de compagnie de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées m’adresseront dès que possible un rapport sur l’organisation actuelle de leur compagnie et celle à réaliser en fonction de la nouvelle organisation administrative. La légion reprend dès réception de la présente note le nom de 18e légion de gendarmerie ». Le 7 octobre 1944, le colonel Desfontaines, inspecteur par intérim du 5e arrondissement d’inspection, abolit les derniers vestiges de l’ancienne organisation ». Enfin, le 1er juin 1946, les Basses Pyrénées sont rattachées à la 5e légion ter) (alors que la 18e légion devient la 4e légion).
Dès ce retour à une organisation départementale stricte, le besoin se fait sentir chez les commandants d’unité de gendarmerie départementale de revenir très rapidement à une répartition des sections entre les Landes et les Basses-Pyrénées telle qu’elle existait avant le conflit. En témoigne la note de service du 8 septembre 1944, du chef d’escadron Colinet : « En attendant la normalisation de la situation actuelle qui ne peut être décidée que par la future direction de la gendarmerie, les mesures suivantes seront appliquées en accord avec le commandant de la compagnie des Landes : rattachement d’Aire-sur-Adour à Mont-de-Marsan et de Bayonne et d’Orthez à Pau « . Le 14 septembre 1944, le même Colinet écrit : » Le commandant de la légion d’Aquitaine m’a prié de rendre compte qu’il désirait vivement le retour à l’ancienne 18e légion de la compagnie des Basses-Pyrénées et que d’accord avec les autorités administratives, il semblait que la date du 1er octobre paraissait particulièrement bien choisie pour ce transfert.
Le lendemain, le 15 septembre 1944, le lieutenant-colonel Samson, commandant la 18e légion de gendarmerie, écrit dans un rapport sur la situation générale de sa circonscription qu’une décision de retour aux anciennes limites administratives, c’est-à-dire le rattachement à la légion des trois compagnies de la Gironde, des Landes et des Basses Pyrénées, à l’exclusion de toute autre unité, est prise à compter de ce jour « . La 18e légion était donc reconstituée. Le commandant de la compagnie des Basses-Pyrénées informe les unités de la compagnie de cette décision, le 20 septembre 1944 : » A la date du 15 septembre 1944, la compagnie des Basses-Pyrénées est reconstituée. Il en résulte qu’au point de vue du commandement, les sections de Bayonne et Orthez sont rattachées à Pau, celle d’Aire-sur-Adour, à Mont-de-Marsan « .
M. Laurent VEYSSIERE
Revue de la gendarmerie nationale, hors série numéro 3, 2002