Par le Lieutenant Benoît Haberbusch
Le 9 mars 1945, les Japonais, présents en Indochine depuis septembre 1940, déclenchent une attaque foudroyante contre les Français. Profitant de l’effet de surprise et de leur supériorité numérique, les troupes nippones écrasent les forces armées françaises. Après leur reddition, de nombreux militaires sont exécutés. À Thakhek, le gendarme Massac est ainsi massacré avec plusieurs Européens, tandis que le 10, le général Émile Lemonnier, commandant la 13e brigade de Langson, est décapité au sabre.
La gendarmerie, tout comme l’administration coloniale, est anéantie en quelques heures. Toutefois, dans plusieurs brigades, les gendarmes résistent. En Cochinchine, le maréchal des logis-chef Andrieux est assiégé, pendant quatre jours, dans son poste de Longxuyen. Plus à l’ouest, le capitaine Jean d’Hers, préparé depuis longtemps à affronter l’ennemi, multiplie les actions pour entraver ses mouvements. Il fait ainsi sauter les ponts de Goguac, de Cai-Ray et de Phuang Hiep. Le 18 mars 1945, à bord de sa chaloupe faiblement armée, le Saint Éloi, il s’oppose à une forte troupe nippone établie sur les deux rives du canal de Tra Ban Nho. Ployant sous le nombre, l’équipe du capitaine d’Hers est détruite. Lui-même est tué d’une rafale de mitrailleuses. Seul le soldat Sylvestre et trois tirailleurs grièvement atteints survivront.
Ailleurs, les gendarmes qui ont échappé à la capture ou à la mort prennent la brousse pour poursuivre le combat. Le maréchal des logis-chef Le Piniec, par exemple, rejoint un petit groupe de Français qui harcèle les soldats nippons pendant environ trois mois. Il est finalement capturé le 6 juin à la suite d’une embuscade. La détention dans les geôles nipponnes représente une terrible épreuve. Pour beaucoup, la mort est au bout de ce long calvaire. Les survivants sont libérés par l’armée britannique. Le maréchal des logis-chef Le Rouvillois, décédé à l’hôpital de Phnom Penh le 19 janvier 1947, est l’ultime gendarme mort des suites de l’attaque nippone.