La gendarmerie, déjà bien établie dans l’espace géographique français au XVIIIe siècle, va enraciner cette présence au cours des siècles suivants.
C’est dans le contexte d’un renforcement du pouvoir central que la maréchaussée s’inscrit dans l’espace administratif, pour mieux le surveiller et assurer une mission de sécurité publique. La lente conquête du territoire aboutit à un système fortement ancré au pays, plongeant progressivement ses racines dans la profondeur des terroirs.
La construction d’un maillage territorial
La création d’une armée permanente sous Charles VII, en 1439, puis, sous Louis XI, la représentation des prévôts des maréchaux dans chaque province, facilitent le développement des maréchaussées. Leur mode d’action se caractérise avant tout par de grandes chevauchées pour se rendre sur les lieux des crimes et délits dans la campagne et les villes environnantes.
À ce modèle se substitue celui des brigades, imposé par la grande réforme de 1720. Unités sédentarisées, au contact de la société, elles sont implantées près des croisements routiers, des relais de poste, des ponts, des bacs, ou encore dans les villes où siègent les marchés et les foires, avec une prédilection pour les foyers de population et les nœuds de communication.
Ce système efficace permet à la maréchaussée de déployer, à la veille de la Révolution, un réseau de 939 brigades pour 4 114 hommes.
La Révolution ne modifie pas le rapport de la gendarmerie au territoire. Présente dans l’ensemble du pays, elle s’adapte aisément au nouveau découpage administratif. En revanche, les effectifs connaissent une augmentation importante. Un arrêté des consuls du 31 juillet 1801 fixe la présence de 15 700 hommes répartis dans 2 500 brigades.
La loi du 29 juillet 1850 prévoit l’installation d’une brigade par canton. La couverture du territoire est alors presque totale et peu de circonscriptions en sont dépourvues. En 1870, on dénombre quelque 3 600 brigades. L’extension du réseau résulte de plusieurs facteurs : recompositions locales, nécessité d’une surveillance accrue et désir des municipalités d’abriter des unités.
Les mutations de la gendarmerie
Les lendemains du premier conflit mondial annoncent une période de métamorphose de l’Institution. Elle retrouve une sous-direction en 1918, puis une direction en 1920, ce qui facilite la création de pelotons mobiles, par une loi du 22 juillet 1921.
Cette nouvelle subdivision de l’Arme dispose peu après d’une assise nationale permettant de compléter le dispositif de la gendarmerie départementale et d’accroître la présence de la gendarmerie sur le territoire.
Le mouvement de spécialisation se poursuit durant l’entre-deux-guerres et s’accélère encore après la Seconde Guerre mondiale. L’Institution se développe fonctionnellement en élargissant le spectre de ses missions et de ses moyens.
Par ailleurs, de nouvelles formations viennent contrôler des portions de territoire ou des milieux particuliers. Le premier peloton de gendarmerie de haute montagne est mis en place en 1958, permettant d’intervenir pour porter assistance et secours dans ces zones spécifiques. Le groupe de spéléologues de la gendarmerie nationale est créé en 1974.
La gendarmerie occupe désormais un espace plus vaste, incluant les domaines maritime, fluvial, aérien ou souterrain, et renforce son rattachement aux territoires.
Les relations entre le territoire et la gendarmerie ont fortement influencé l’organisation du corps. Il faut noter la remarquable permanence d’un modèle qui s’articule autour des brigades, des compagnies, des groupements et des régions.
Les noms des différents niveaux hiérarchiques ont varié selon les époques, mais ils s’inscrivent tous dans une dialectique les unissant au territoire et constituent d’une certaine manière autant de lieux de mémoire de la gendarmerie. La proximité de la gendarmerie avec la population nécessite aujourd’hui des réadaptations ou des innovations.
Les brigades territoriales de contact, initiées le 1er mars 2017 sont déployées pour renforcer les relations avec les populations, en privilégiant notamment les patrouilles à pied ou la présence sur les marchés ou dans les réunions publiques.
Le territoire numérique est également investi par une gendarmerie contemporaine présente sur Twitter ou Facebook pour informer et interagir avec la population. L’Institution elle-même a développé depuis 2014 le projet Néogend, permettant de doter chaque gendarme d’un équipement numérique, et travaille sur un projet de brigade numérique, afin de développer toujours plus de proximité avec les citoyens.
La gendarmerie n’a jamais rompu avec le territoire. Proche et efficace, elle s’est toujours adaptée aux évolutions et continue encore aujourd’hui à répondre aux attentes sécuritaires.
(Avec l’aimable autorisation du SIRPA/gend)
Plus d’informations sur : http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/