SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Bernard Mouraz, historien éminent de la gendarmerie, survenu le 25 janvier 2025 à Paris, à l’âge de 77 ans. Membre de notre Société nationale de l’histoire et du patrimoine de la gendarmerie – Société des amis du musée de la gendarmerie depuis sa création en 2004, il a marqué de son empreinte la recherche historique sur la gendarmerie nationale. En ces douloureux moments, nous adressons à ses sœurs et à leurs proches nos plus sincères condoléances.
Historien de formation, Bernard Mouraz obtient une maîtrise d’histoire en 1971 à la Sorbonne, consacrée à L’Alliance Démocratique et la guerre sous la direction du grand historien français des relations internationales et de la diplomatie, Jean-Baptiste Duroselle. Avant d’embrasser une carrière au sein du ministère de la Défense, il enseigne l’histoire et la géographie dans plusieurs établissements de Paris et d’Île-de-France.
En 1980, il intègre le ministère de la Défense en réussissant le concours d’attaché des services administratifs. Il y servira principalement à la direction du personnel militaire de la Marine avant d’être promu attaché de service administratif de 1re classe en 1992. Malgré ces fonctions administratives, il ne se détourne jamais de sa passion première : l’histoire. Il publie alors plusieurs articles sur le patrimoine architectural parisien, notamment sur l’Hôtel de Gourgues, situé place des Vosges, témoignant d’une curiosité insatiable et d’une grande érudition.
Sa carrière prend un tournant décisif en 1997 lorsqu’il rejoint le Service historique de la gendarmerie nationale (SHGN), récemment créé. Il y occupe les fonctions d’adjoint au chef de la section études, traditions, symbolique et recherches historiques jusqu’à la dissolution du SHGN en 2005. Par la suite, il poursuit ses travaux au Service historique de la Défense (SHD), où il se consacre à la recherche sur la gendarmerie nationale jusqu’à son départ à la retraite en 2010.
Bernard Mouraz laisse derrière lui une bibliographie remarquable, riche d’une quarantaine de contributions. Parmi elles, sa première publication en 1998 sur la gendarmerie et les journées parisiennes de 1848, et sa dernière en 2014, consacrée à la gendarmerie sous Vichy. Il dirige également l’ouvrage Gendarmes résistants. Du refus aux combats de la Libération (1940-1945) et participe au Dictionnaire historique de la France Libre, confirmant ainsi son rôle majeur dans l’étude de la gendarmerie sous l’Occupation.

Au-delà de l’historien passionné et passionnant, Bernard Mouraz était un homme à l’humour subtil, à la culture encyclopédique et à la convivialité appréciée. Son ancien chef au SHGN, Pascal Brouillet, se souvient de son engagement sans faille pour l’institution et de leur passion commune pour la gastronomie. Il aimait les rencontres entre collègues autour d’un bon repas, où se mêlaient discussions historiques et plaisirs de la table.
Passionné par la Seconde Guerre mondiale, il était également un cinéphile averti, spécialiste du cinéma français et américain d’après-guerre. Son regard affûté et son érudition faisaient de lui un interlocuteur précieux, capable d’éclairer un sujet sous des angles toujours renouvelés.
Bernard Mouraz nous laisse un héritage immense. Son travail rigoureux, sa passion inébranlable et son amour de l’histoire ont contribué de manière décisive à la constitution du corpus historique de la gendarmerie nationale. Son nom restera attaché à cette vieille dame qu’il a tant étudiée et servie.
Lui-même l’avait confié : ayant dépassé les 75 ans, il estimait avoir bien vécu et n’avait pas peur de partir. Nous, en revanche, ressentons une grande perte. Son intelligence, son humour et son immense savoir nous manqueront. Mais son œuvre demeure, et pour cela, nous lui devons une profonde reconnaissance.
Adieu Bernard Mouraz, et merci.