Dossier : Gendarmeries d’ailleurs
Qui eût cru, il y a quelques décennies encore, que le « système Gendarmerie », présenté par certains, dans les années quatre-vingt, comme obsolète et inadapté, connaîtrait les développements que nous constatons depuis une trentaine d’années ?
Police Armée Populaire de Chine (1982), Service de Sécurité Publique de Lituanie (1991), Troupes de l’Intérieur de Russie (1997), Gendarmerie de Jordanie (2007), et bientôt, probablement, Gendarmerie du Mexique…, sans compter les gendarmeries restaurées en Roumanie, Bulgarie, Ukraine, Pologne…. Certes, plusieurs de ces forces n’ont pas repris l’appellation « Gendarmerie » ; certes, la plupart dépendent de leur ministère de l’Intérieur, mais toutes ont conservé le caractère fondamental d’une gendarmerie. Qu’elles s’appellent Gendarmeries, Forces, Troupes ou Services, elles sont toutes, en effet, constituées de militaires, organisées hiérarchiquement suivant des structures militaires, agissant selon des principes et des méthodes militaires.
Pourquoi, ce développement inattendu ? Il faut remonter aux années quatre-vingt pour mesurer le chemin parcouru. A l’époque des discussions préliminaires à l’établissement de la Convention d’Application des Accords de Schengen (14 janvier 1985), les officiers et agents de police judiciaire de la Gendarmerie nationale ne furent mentionnés au titre III – chapitre I (Coopération policière) de la Convention qu’à la demande expresse des polices allemandes. Cette réticence, d’origine corporatiste, naturellement venue de « nos bons camarades de la maison d’en face », euphémisme bien connu en Gendarmerie, était partagée pour d’autres motifs, plus politiques ceux-là, par des représentants de pays de culture anglo-saxonne qui soutenaient qu’une police à caractère militaire n’était pas compatible avec un régime démocratique. Ces arguments furent bien évidemment repris, par les mêmes, après l’effondrement du système soviétique, lorsque plusieurs pays de l’Est commencèrent à se doter d’un système de force publique à caractère militaire. Mais en 2001, signe d’une évolution, les positions avaient changé. Dans sa recommandation du 19 septembre 2001, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, précisait que le Code européen d’éthique de la police « est applicable quel que soit le type d’organisation de la police, centralisée ou ancrée au niveau local, reposant sur des structures civiles ou militaires, portant le nom de services ou de forces, responsable devant le pouvoir central, les pouvoirs régionaux ou locaux ou encore devant un plus large public ». Une reconnaissance européenne officielle, en quelque sorte, des gendarmeries.
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Sommaire
- Les gendarmeries dans le monde : un système de force publique en plein essor (Georges Philippot)
- Il y a 50 ans, l’opération vélomoteur (Benoît Haberbusch)
- Mais où en est donc le projet de musée (Elinor Boularand)
- La compagnie de gendarmerie du département du Léman et sa postérité genevoise (Philippe Coet)
- Les débuts de la Gendarmerie roumaine, de sa création en 1850 à la première guerre mondiale (Ovidiu Vasalica)
- Le soutien de la Gendarmerie française à la création de la Gendarmerie royale marocaine (1956 – 1958) (William Vaquette)
- La Garde rouge du Sénégal, la tradition en héritage
- Les gendarmes d’Astrakhan et la lutte contre l’espionnage (Georges Philippot) (d’après l’ouvrage de A.I. Baiguchkin)
- L’affaire de Margueritte, avril 1901 (Benoît Haberbusch)
- GSIGN/GIGN : la réforme de 2007 (Pierre-Yves Cormier)
- La carte du patrimoine de la gendarmerie (Richard Filmotte)
- Un nouvel insigne pour l’Inspection générale des Armées/Gendarmerie (François Cathala)